Dans nos communes, le maire occupe une place centrale, symbole de l’autorité locale et du lien entre citoyens et institutions. Pourtant, derrière cette fonction souvent idéalisée, une interrogation persiste : quelle réalité cache le revenu d’un maire ? Au-delà des idées reçues, le montant de son indemnité varie fortement, suscitant curiosité et parfois controverses. Quels sont les critères qui déterminent cette rémunération particulière ?
Le salaire d’un maire fixé selon la taille de la commune
La rémunération d’un maire en France ne se traduit pas par un salaire classique, mais par une indemnité de fonction mensuelle qui dépend essentiellement de la population de la commune. Ce système vise à ajuster la reconnaissance financière en fonction de la charge que représente la gestion d’une collectivité de plus ou moins grande envergure.
À titre d’exemple, un maire d’une commune comptant moins de 500 habitants perçoit environ 1 048 euros brut par mois. En revanche, dès que la population communale atteint plus de 100 000 habitants, le montant grimpe à près de 5 960 euros brut. À Paris, ville au statut particulier, cette indemnité atteint même près de 7 913 euros.
Cette grille est régulièrement révisée, notamment au regard des indices de la fonction publique qui servent de base au calcul des indemnités. En 2023, une revalorisation de 1,5 % a été appliquée, avec un impact particulièrement notable sur les plus petites communes, soulignant l’attention portée à ces territoires souvent oubliés.
Comment se calcule précisément l’indemnité d’un maire ?
L’indemnité est déterminée en appliquant un pourcentage à un indice brut terminal de la fonction publique, l’indice 1027. Ce dernier s’établit à un montant fixe – 4 085,91 euros brut en 2024 – servant de référence. Cette méthode assure une cohérence tarifaire à l’échelle nationale.
Depuis 2016, le système s’est simplifié : excepté pour certaines grandes communes qui peuvent demander une indemnité inférieure, le montant est fixé au taux plafond autorisé. La population prise en compte est celle certifiée avant le dernier renouvellement du conseil municipal, garantissant la stabilité du barème durant le mandat.
Au-delà du barème de base, des majorations peuvent s’appliquer. Ces ajustements dépendent du statut administratif ou de l’activité économique de la commune. Les chefs-lieux de département, d’arrondissement ou de canton bénéficient ainsi de bonus de respectivement 25 %, 20 % et 15 %. Certaines communes touristiques ou thermales peuvent quant à elles voir leur indemnité majorée jusqu’à 50 %.
L’impact de la réforme sur les maires des petites communes
La revalorisation introduite en 2019 a profondément modifié la situation des élus locaux, surtout dans les zones rurales. Face aux difficultés croissantes pour remplir les mandats municipaux, le législateur a voulu renforcer l’attractivité de la fonction, reconnaissant le temps et l’investissement personnel exigés.
Concrètement, la rémunération d’un maire de commune de moins de 500 habitants a augmenté de 50 % : passant d’environ 698 euros brut à plus de 1 000 euros brut mensuel. Les autres petites communes ont également bénéficié d’une hausse significative, de l’ordre de 20 à 30 % selon les tranches.
Ces ajustements favorisent ainsi un meilleur équilibre entre responsabilité et reconnaissance financière, encourageant un plus grand renouvellement des équipes municipales dans les territoires fragiles.
Les indemnités des adjoints et conseillers municipaux
Pas uniquement réservée au maire, la rémunération de la commune touche également ses adjoints et conseillers municipaux, selon leurs responsabilités. Les indemnités des adjoints progressent en lien avec la taille de la commune, mais restent toujours inférieures à celles du maire.
Par exemple, un adjoint dans une commune de moins de 500 habitants gagne environ 407 euros brut, alors qu’en ville de plus de 100 000 habitants, l’indemnité peut atteindre près de 2 713 euros brut. Pour les conseillers municipaux, la rémunération est plus modeste et souvent liée à une délégation spécifique ou au règlement interne de la collectivité.
Cette organisation garantit une hiérarchie claire dans la rémunération des élus locaux, reflétant leur rôle dans la gouvernance municipale.
Quelle place occupe le maire dans la hiérarchie des élus rémunérés ?
Comparé aux autres élus politiques français, le maire occupe une position médiane en termes de rémunération. Au sommet, on trouve le Président de la République et les ministres avec des revenus nettement plus élevés. Ensuite viennent les députés et sénateurs, avec des indemnités supérieures à 7 600 euros brut mensuel.
Juste en dessous, les maires des communes importantes avoisinent 5 960 euros brut. À un autre niveau, les présidents d’intercommunalité et les élus départementaux ou régionaux touchent des montants variables mais souvent inférieurs à ceux des maires des grandes villes.
Cette organisation traduit les rôles et responsabilités différenciés des élus dans l’appareil institutionnel français, avec une certaine cohérence entre niveau de décision et rémunération.
Les règles strictes de cumul des indemnités
L’exercice de plusieurs mandats électifs impose un encadrement rigoureux des cumuls de revenus. Depuis la loi de 2011, un plafond global d’indemnités a été instauré : un maire ne peut percevoir au total plus de 9 015 euros brut par mois pour l’ensemble de ses mandats.
Cette mesure vise à limiter les abus et garantir une gestion saine des deniers publics. En pratique, environ 40 % des maires ont une autre activité professionnelle, cumulant donc leurs indemnités avec un salaire extérieur, mais dans le respect de ce plafond légal.
Par ailleurs, une part notable des maires fait montre de retenue : 35 % d’entre eux renoncent à une partie de leur indemnité, tandis que la majorité supporte elle-même les frais liés à leur fonction sans compensation, témoignant de l’engagement personnel des élus locaux.
La rémunération des maires face aux attentes et réalités sociales
Les indemnités de fonction, souvent assimilées à un salaire, ne représentent toutefois pas un revenu qui assure un train de vie luxueux. Elles sont conçues comme une compensation raisonnable pour le temps consacré et les responsabilités assumées.
En cas d’arrêt maladie ou de congé maternité, les indemnités sont maintenues, assurant une sécurité financière aux élus. En outre, elles ouvrent des droits à la retraite : les maires cotisent et valident des trimestres, avec des modalités tenant compte de la durée de mandat.
Cette dimension sociale souligne que la fonction municipale s’inscrit dans un cadre à la fois professionnel et bénévole, avec des obligations et des protections adaptées.
La rémunération des maires s’apparente ainsi à un équilibre entre devoir civique, responsabilité et reconnaissance matérielle, reflétant une fonction essentielle au fonctionnement de la démocratie locale.
Au final, le montant perçu par un maire varie profondément selon la taille et les caractéristiques de la commune, avec un système réglementé qui cherche à conjuguer équité financière et engagement au service du public. Cette réalité invite à dépasser les clichés pour mieux comprendre les défis et compensations qu’implique la gestion municipale.
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