Je me suis permis ou permise : quelle règle appliquer ?

Certaines tournures françaises peuvent sembler anodines, mais elles recèlent des subtilités qui déroutent même les plus attentifs. Parmi celles-ci, la question de la forme exacte à employer dans l’expression « je me suis permis » soulève bien des interrogations, en particulier chez celles et ceux qui souhaitent respecter scrupuleusement les règles de grammaire. La difficulté naît surtout du fait que le mot « permis » pourrait sembler devoir s’accorder au féminin dans certains contextes.

Le verbe pronominal « se permettre » et la nature de son complément

La base de la confusion provient du fait que « se permettre » est un verbe pronominal, ce qui signifie qu’il s’accompagne systématiquement d’un pronom réfléchi. Lorsqu’on analyse la phrase « je me suis permis de vous écrire », il faut considérer ce pronom « me » non pas comme un complément d’objet direct (COD), mais comme un complément d’objet indirect (COI).

Pourquoi cette distinction est-elle essentielle ? Dans l’accord du participe passé avec les verbes pronominaux, le genre et le nombre du participe dépendent de la nature et de la position du COD. Si le COD précède le verbe, le participe passé s’accorde avec lui. Dans le cas contraire, il reste invariable. Avec « se permettre », le pronom réfléchi désigne une personne à qui l’on permet quelque chose, agissant donc comme COI.

La tournure la plus fréquente, « je me suis permis de faire quelque chose », correspond à une construction dans laquelle « de faire quelque chose » constitue la notion que l’on s’accorde le droit d’effectuer. L’expression ne comprend pas de COD qui précéderait le verbe, d’où la règle qui maintient « permis » invariable dans cette configuration.

L’accord du participe passé « permis » dans les contextes particuliers

Quand le complément d’objet direct est exprimé clairement dans la phrase et précède le verbe, là, l’accord du participe passé s’impose et l’on écrira « permise » ou « permis » selon le genre et le nombre. Par exemple, dans la phrase « la liberté que je me suis permise », le mot « liberté » est le COD placé avant « suis permise » et féminin singulier, ce qui impose l’accord de « permise » au féminin singulier.

En revanche, dans plusieurs exemples usuels comme « je me suis permis de prendre la parole » ou « elle s’est permis de critiquer », la forme « permis » ne s’accorde pas car le COD, s’il existe, suit le verbe sous forme d’une proposition infinitive. Le pronom réfléchi correspondant au COI ne permet pas l’accord.

Cette règle explique pourquoi on ne modifie jamais « permis » pour « permise » ou « permis » au féminin ou au pluriel, dès lors que le verbe est accompagné d’une infinitive signifiant l’action permise, même lorsqu’une femme est la locutrice.

Des erreurs fréquentes malgré une règle claire

Il est assez courant, surtout à l’écrit, de rencontrer l’expression « je me suis permise », notamment dans des courriers ou situations où une femme prend la parole. Cette forme, bien qu’installée dans certains usages, est grammaticalement incorrecte si le complément d’objet direct ne précède pas le verbe.

Cette faute vient de la logique intuitive qui pousse à accorder le participe passé avec le genre de la personne qui parle, une approche séduisante mais incorrecte pour cette construction. Il est utile de rappeler que l’accord n’est pas lié au genre du sujet mais à celui du COD placé avant le verbe, ce qui n’est pas le cas dans la formulation « je me suis permis de… ».

Les enseignants et spécialistes du français insistent donc sur la nécessité de comprendre la fonction de chaque élément dans la phrase avant de décider de l’accord, ce qui nécessite une analyse grammaticale un peu plus technique mais ô combien précise.

Repérer le complément d’objet direct pour bien accorder « permis »

Une technique efficace pour déterminer l’accord correct du participe passé consiste à repérer si la phrase comporte un complément d’objet direct et où il se situe. Pour cela, il faut se poser la question essentielle : « qui ? » ou « quoi ? » après le verbe.

Si la réponse à cette question désigne un mot ou groupe de mots qui précède le verbe, l’accord s’impose. Par exemple, « la liberté » dans « la liberté que je me suis permise ». Si la réponse n’existe pas ou est postposée, notamment dans des constructions avec un infinitif, le participe passé restera invariable. Ainsi, « de partir » dans « je me suis permis de partir » constitue un complément qui suit le verbe et ne provoque pas d’accord.

Cette démarche permet d’éviter des erreurs fréquentes et de rédiger un français plus rigoureux, ce qui est particulièrement apprécié dans les écrits professionnels ou formels.

La complexité des verbes pronominaux et les nuances à connaître

Les verbes pronominaux peuvent poser des difficultés d’accord plus générales. Par exemple, certains verbes sont essentiellement pronominaux, comme « s’évanouir » ou « se méfier », tandis que d’autres, comme « permettre », peuvent être utilisés tantôt pronominalement, tantôt non. Le rôle du pronom réfléchi varie alors et influe directement sur la nature du complément et le comportement de l’accord.

Avec « se permettre », le pronom personnel réfléchi est presque toujours COI, ce qui explique le maintien de l’invariabilité dans les constructions les plus fréquentes. Cette configuration correspond à l’idée que l’on accorde un droit à soi-même et exprime donc indirectement une action permise, et non une action subie directement par un COD.

En s’entraînant à distinguer ces mécanismes et à analyser chaque phrase, la maîtrise de l’orthographe devient une seconde nature, permettant de conjuguer rigueur et élégance dans ses textes.

Exemples illustrant l’usage correct de « je me suis permis » et « permise »

Pour mieux intégrer cette règle, voici quelques illustrations. Une phrase correcte sans accord : « Je me suis permis de vous écrire à propos de votre demande. » Ici, « vous écrire » est un complément d’objet qui suit le verbe, donc « permis » reste invariable.

À l’inverse, lorsqu’un COD féminin précède immédiatement le verbe, comme dans « La liberté que je me suis permise m’a surpris », le participe passé s’accorde, ici « permise » au féminin singulier. Même chose au pluriel en respectant le genre : « Les pauses que je me suis permises étaient nécessaires. »

Enfin, dans un cas mixte avec un COD masculin pluriel, on écrira : « Les écarts que je me suis permis sont des erreurs à éviter. » L’accord est au masculin pluriel « permis », conformément au COD qui précède.

Agir avec assurance dans vos écrits grâce à cette règle

Pour qu’aucun doute ne subsiste, rappelez-vous que la forme « je me suis permis » est la norme correcte lorsqu’elle est suivie d’un infinitif ou qu’il n’y a pas de COD placé avant le verbe. Cela ne change pas selon le genre de la personne qui parle.

Avec un peu d’attention, cette subtilité grammaticale s’intègre aisément à votre maîtrise de la langue, valorisant votre expression écrite et contribuant à ne pas transmettre de fausses impressions sur vos compétences linguistiques.

L’examen attentif de la structure des phrases vous guidera à chaque fois : identifier clairement le COD et sa position reste la clé pour savoir si le participe passé doit s’accorder ou non.

Ainsi, au-delà d’un simple point de grammaire, la question de « je me suis permis ou permise » incite à une lecture attentive et réfléchie de notre langue, toujours fertile en nuances et précisions essentielles.

En définitive, le respect de cette règle garantit un usage élégant et exact, indispensable pour ceux qui valorisent un style rigoureux, que ce soit dans la correspondance professionnelle, les écrits personnels ou dans le cadre d’une communication plus formelle.

Pierre

Laisser un commentaire