Chaque jour, nombreux sont ceux qui butent sur une tournure simple mais fréquente de la langue française : doit-on écrire « il a pris » ou « il a prit » ? Cette interrogation, persistante et souvent source d’erreur, révèle une subtilité de notre conjugaison qui peut dérouter même les plus aguerris. Pourquoi cette confusion entre deux graphies si proches, et surtout, quelle est la forme correcte à employer pour que le texte soit irréprochable ?
La différence essentielle entre “pris” et “prit” dans la conjugaison du verbe prendre
Le verbe « prendre » est riche en formes parfois déroutantes en raison de ses conjugaisons irrégulières. Pour bien saisir la nuance entre « pris » et « prit », il faut d’abord les différencier selon leur nature grammaticale.
“Pris” est le participe passé du verbe prendre. Il s’emploie dans les temps composés, notamment au passé composé, toujours associé à un auxiliaire (le plus souvent « avoir »). On dit par exemple : « Il a pris le train ce matin. » Ici, « pris » vient compléter l’auxiliaire « a » pour former le passé composé.
“Prit”, quant à lui, est une forme du passé simple à la troisième personne du singulier. Ce temps, plus littéraire et moins courant dans la langue parlée, s’utilise pour raconter une action ponctuelle dans un récit passé : « Il prit son chapeau et sortit sans un mot. » Le passé simple ne s’accompagne d’aucun auxiliaire.
Il est donc important de distinguer les deux : « pris » est toujours employé avec un auxiliaire, tandis que « prit » est une forme autonome du passé simple. La confusion naît souvent à cause de leur prononciation identique, d’autant plus que le passé simple s’efface progressivement dans la conversation ordinaire.
Pourquoi la forme “il a prit” est-elle une erreur fréquente ?
La faute « il a prit » résulte d’un amalgame entre les règles de conjugaison et la phonétique. À l’oral, « pris » et « prit » se prononcent rigoureusement de la même façon, ce qui induit facilement en erreur lors de la rédaction.
Dans le cas du passé composé, la structure impose l’utilisation d’un auxiliaire (ici « avoir ») suivi du participe passé (« pris »). Or, la terminaison en « -it » de « prit » semble intuitive car on entend souvent cette sonorité quand on écoute la phrase. Ce glissement vers la forme erronée « prit » s’accélère dans les échanges informels, dans les messages rapides ou les écrits peu relus, alimentant la confusion collective.
Il ne s’agit donc pas simplement d’une faute d’orthographe, mais d’un malentendu entre la grammaire officielle et les habitudes phonétiques. Cette erreur touche d’ailleurs d’autres verbes du troisième groupe, à la conjugaison irrégulière, où le participe passé et le passé simple se ressemblent aussi (par exemple « mis » vs. « mit », « fait » vs. « fit »).
Les règles d’accord du participe passé et l’emploi correct de “pris” dans les phrases
Un autre point important concerne l’accord du participe passé avec l’auxiliaire « avoir ». Celui-ci ne s’accorde pas avec le sujet, mais avec le complément d’objet direct (COD), à condition que ce complément soit placé avant le verbe.
Illustrons ce principe par des exemples pour comprendre le bon usage de « pris ». Dans la phrase « Il a pris le livre », « le livre » est le COD, mais il suit le verbe ; donc, « pris » reste invariable. En revanche, dans « Le livre qu’il a pris est sur la table », le COD « le livre » est placé avant le verbe, ici « prit » est incorrect, mais « pris » reste toujours la bonne orthographe, et cette fois, il faut veiller à l’accord en genre et en nombre si le COD est féminin ou pluriel. Par exemple, « Les décisions qu’elle a prises étaient difficiles. »
Il est important de noter que « prit », passé simple, ne s’accorde pas du tout puisqu’il s’agit d’un temps simple et non d’un participe passé.
Exemples concrets d’utilisation correcte de “il a pris” et “il prit”
Pour éviter toute confusion et mémoriser la bonne orthographe, voici des illustrations claires :
- « Il a pris deux billets pour le spectacle. » — passé composé avec auxiliaire, orthographe correcte.
- « Il prit son manteau et quitta la pièce sans regarder personne. » — passé simple, narration littéraire, forme juste.
- « Elle a pris sa décision après une longue réflexion. » — encore le passé composé tout à fait courant.
- « Dans le roman, il prit la baguette magique et commença l’incantation. » — usage typique du passé simple en littérature.
On notera que la forme « il a prit » ne convient dans aucun contexte, ni oral, ni écrit, car elle mélange la structure du passé composé avec un temps et une terminaison qui n’y ont pas leur place.
Autres verbes du troisième groupe avec des confusions similaires
La difficulté comprend aussi des verbes comme « mettre », « faire », « apprendre », « voir », ou encore « comprendre » qui subissent la même influence entre le participe passé et le passé simple :
- Mettre : « Il a mis » (passé composé) contre « Il mit » (passé simple).
- Faire : « Elle a fait » contre « Elle fit ».
- Apprendre : « Nous avons appris » contre « Il apprit ».
- Voir : « Vous avez vu » contre « Il vit ».
- Comprendre : « Il a compris » contre « Il comprit ».
Chaque cas respecte la règle essentielle : la présence d’un auxiliaire indique un participe passé, tandis que le passé simple s’emploie seul et s’inscrit dans une narration souvent formelle ou littéraire.
Astuce pour ne plus jamais hésiter entre “pris” et “prit”
Une méthode simple pour mémoriser la bonne forme consiste à remplacer temporairement le verbe « prendre » par un autre verbe régulier ou irrégulier dont on maîtrise l’orthographe, par exemple « voir ». Ainsi, si vous devez écrire « il a _____ », et que vous savez qu’on écrit « il a vu » et non « il a vit », alors il faudra écrire « il a pris » et non « il a prit ».
Cette astuce s’appuie sur le parallèle entre le participe passé accompagné de l’auxiliaire « avoir » (qui s’écrit avec un « s » final dans ces cas-là) et la forme verbale du passé simple, utilisée seule et sans auxiliaire, souvent difficile à manier.
Enfin, n’oubliez pas que « prit » se rencontre exclusivement dans un contexte narratif au passé simple, ainsi il est aisé de l’écarter lors de la rédaction de textes quotidiens, mails, rapports ou lettres, où le passé composé domine.
Familiarisez-vous également avec la règle d’accord du participe passé pour éviter d’autres pièges, notamment avec les COD placés avant le verbe, en observant attentivement la position des mots dans la phrase.
Quelques exercices de relecture attentive et la consultation régulière de tableaux de conjugaison peuvent également renforcer votre confiance, faisant de la maîtrise de la différence entre « il a pris » et « il a prit » un réflexe automatique.
Ce qui paraît parfois un détail de langue cache en réalité un pan entier de la complexité française. En comprenant précisément ces distinctions, on améliore non seulement la qualité de ses écrits, mais aussi le respect des subtilités qui font la richesse de notre communication.
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